Dans le cadre des travaux de la future ligne C du métro de Toulouse, les tunneliers sont au cœur du chantier. Pour mieux comprendre ce métier méconnu et les défis techniques qu’il implique, nous avons rencontré Lola Leygnac, pilote de tunnelier chez Eiffage Génie Civil, notre partenaire. À travers son parcours et ses explications, plongeons dans l’univers fascinant de ces machines usines qui creusent sous nos pieds.
Le parcours pour devenir pilote de tunnelier
Devenir pilote de tunnelier n’est pas un parcours conventionnel. Lola Leygnac en est un exemple concret. Après un BTS en travaux publics, elle est recrutée pour participer au chantier du Grand Paris. En parallèle, elle a bénéficié d’une formation de pilote, composée d’un programme intensif de six semaines de cours théoriques, suivi d'une immersion pratique d’un an et demi en binôme avec un pilote confirmé. Une fois formée, Lola rejoint Eiffage Génie Civil en 2019, où elle continue de mettre ses compétences en œuvre, alternant des phases de creusement et des missions annexes.
Ce parcours peut varier selon les profils et les besoins des chantiers.
De manière générale, pour devenir pilote de tunnelier, il est nécessaire de commencer au bout de la machine avant de progresser vers le poste de pilote. La durée de formation dépend de nombreux facteurs, notamment des exigences spécifiques du projet
Le métier de pilote de tunnelier
Le métier de pilote de tunnelier, bien que méconnu, est d'une complexité technique fascinante. Piloter un tunnelier implique de contrôler et de surveiller plusieurs aspects critiques du processus de creusement. La première tâche du pilote est de gérer la direction du tunnelier, une opération qui requiert une attention constante et une grande précision. Ensuite, il faut se charger du conditionnement du terrain. Cette action consiste à traiter le terrain devant la machine et d'assurer son évacuation.
Lola nous explique que l’un des moments les plus gratifiants de son travail est de voir le tunnel se former en temps réel : la roue de coupe grignote le terrain, pendant que les vérins hydrauliques poussent la machine vers l’avant. Simultanément, les segments en béton, appelés voussoirs, sont installés pour former le revêtement du tunnel. Le vide annulaire laissé entre le terrain et les segments est comblé par un mortier de bourrage, garantissant la solidité de l’ouvrage.
Les machines sont hyper bien faites et mélangent mécanique, hydraulique, etc. Ce sont des machines usines qui arrivent à faire des choses impressionnantes
En cabine, le pilote dispose de huit écrans qui lui permettent de visualiser le retour de centaines de capteurs installées sur la machine. Il peut alors ajuster les paramètres de la machine, tels que la vitesse de la roue de coupe, la poussée, la pression et l’évacuation du marinage (le terrain extrait). Le guidage est assuré par un système sophistiqué comprenant un théodolite, qui permet de déterminer avec précision la position du tunnelier et d’ajuster sa trajectoire si nécessaire.
Le travail de pilote est indissociable de celui du chef de poste, qui veille au bon déroulement des opérations en surface et sur la machine. Le chef de poste est responsable du rallongement des servitudes (convoyeurs, tuyauteries, câbles électriques), de l'approvisionnement en béton, et de la gestion des équipes pour minimiser les interruptions.
Le tunnelier fonctionne 24h/24, nécessitant une organisation en trois équipes qui se relaient toutes les huit heures.
Les tunneliers
Lola nous décrit en quoi les tunneliers sont de véritables usines souterraines, capables de creuser et de construire son revêtement définitif.
Sur le chantier de la ligne C de Toulouse, les tunneliers utilisés sont des machines à pression de terre, également appelées EPB+ (Earth Pressure Balance). Ce choix technologique a été déterminé par la géologie du sous-sol toulousain, composé principalement de molasse et de lentilles de sable.
Le principe de fonctionnement des tunneliers à pression de terre repose sur la capacité de la machine à maintenir une pression constante sur le terrain à l'avant de la roue de coupe, évitant ainsi les tassements en surface. Dans les zones où le terrain se tient moins bien, de la boue (appelée bentonite) peut être injectée pour stabiliser les sols.
Chaque tunnelier utilisé sur le chantier de la ligne C mesure environ 115 mètres de long, avec un diamètre de coupe de 9,67 mètres. La machine est équipée de cinq remorques, regroupant différents systèmes nécessaires au bon fonctionnement du tunnelier, tels que l’alimentation électrique, les systèmes hydrauliques et pneumatiques, ainsi que les convoyeurs pour l’évacuation des déblais
Le travail sur un tunnelier est exigeant car les équipes travaillent en souterrain. L’esprit d’équipe et l’entraide sont des qualités essentielles pour travailler dans ce secteur. La machine, conçue pour le confort des opérateurs, est équipée de toutes les commodités nécessaires (toilettes, réfectoire isolé acoustiquement et climatisé, caisson de survie), car sortir en surface pendant le poste est souvent impraticable en raison du temps nécessaire pour parcourir les kilomètres déjà creusés.
Le métier de pilote de tunnelier est un métier passionnant qui mêle technologie de pointe, précision, et travail d’équipe
Lola Leygnac, avec son parcours unique et son expérience sur les chantiers de grande envergure, incarne la compétence et la passion nécessaires pour mener à bien ces projets colossaux. Grâce à des tunneliers toujours plus perfectionnés, des infrastructures essentielles comme la ligne C de Toulouse voient le jour, apportant des améliorations concrètes à la vie urbaine.